Sur la dune
Entre les oyats fouettés par le vent
Les corps détrempés de jeunes amants
S'interpénètrent avec brutalité
Etreinte animale au creux de l'été
Un enfant s'en revenant de la pêche
Besace pleine de crevettes fraiches
A l'esprit extirpé des rêveries
Par des grognements, des plaintes et cris
Il axe son pas vers les hautes dunes
Pupille dilatée, baignée de Lune
Scrute les reliefs de sable serein
Les tripes nouées d'un plaisir malsain
Le curieux bambin aux pensées fertiles
Est bientôt enflé du membre érectile
Se pensant témoin de la cruauté
D'un prédateur avide de beauté
Soudain, au détour d'un sommet touffu
Surgit un diorama incongru
Aux yeux du petit qui, coeur palpitant
Ose à peine voir le jeu des amants
Repu de ce qu'il croit être homicide
Il galope au village, langue avide
Trouvant ses parents assis près de l'âtre
Il décrit les jeunes corps qui folâtrent
Les vieux sortant de leur molle torpeur
Y voient un attentat à la pudeur
Ainsi qu'un moyen de se dégourdir
En trouvant les gueux pour les estourbir
Tâchant de rallier les honnêtes gens
A leur goût de faire couler le sang
Ils parcourent les rues, frappent aux portes
Prenant un air grave tout deux rapportent:
"Là-bas dans les dunes deux libertins
Se font des attouchements importuns"
De ces dodus villageois plus un seul
Ne jouit d'amour, leurs draps sont des linceuls
Bientôt une meute armée jusqu'aux dents
D'objets disparates mais contondants
S'avance torche au poing dans la nuit claire
Coulant sur le chemin comme une glaire
Les amants repus, tous deux face au ciel
En riant s'embrassent, ignorants du fiel
Qui les noiera d'une vague puante
Suivant le juvénile sycophante